Immigration et identités, errance et intégration en France

Immigration et identités, errance et intégration en France

journée interdisciplinaire

Samedi 16 Novembre 2019

Le week-end dernier s’est tenue à l’hôpital Sainte-Anne, une de nos journées scientifiques interdisciplinaires sur la thématique de la migration intitulée « Immigration et identité : errance et intégration en France ».

La démarche d’enseignement interdisciplinaire de l’Institut se caractérise par les regards croisés de différentes disciplines qui interagissent pour construire un apprentissage riche de différentes approches et de différents points de vue pour permettre aux élèves d’aborder une thématique telle que la migration dans toute sa réalité multiple. En tant qu’adlériens, il nous tient logiquement à cœur de favoriser la coopération en vue de nourrir notre intelligence collective de l’interaction des savoirs et de leur complémentarité dans un esprit d’ouverture et d’appartenance.

La journée du samedi 16 Novembre n’a pas dérogé à cette approche. Nous avons reçu d’éminents spécialistes de disciplines très diverses qui travaillent et réfléchissent au quotidien sur les problématiques migratoires qu’elles soient psychopathologiques, socio-économiques, géopolitiques, culturelles ou spirituelles.

 

Suspendu entre 2 mondes

dr alice visintin conférencièreLe Dr Alice Visintin, ethnopsychiatre, a apporté son regard clinique de thérapeute sur l’aide psychologique apportée aux immigrants souffrant de troubles divers. L’ethnopsychiatrie est une discipline qui adresse des situations spécifiques dans lesquelles le travail thérapeutique traditionnel est complexifié par les différences d’organisation culturelle, sociale et familiale, sources possibles de méfiance et d’incompréhension. L’insécurité causée par le déracinement, l’inintelligibilité et l’instabilité de la situation du patient ajoutent à la souffrance. Cette discipline demande au thérapeute curiosité, connaissances anthropologiques, souplesse et ouverture d’esprit dans un cadre néanmoins très pragmatique pour permettre une écoute fondamentale et prendre le temps de ne pas apporter trop vite une solution.

 

Histoire et contexte de la radicalisation

M. Louis Caprioli, ancien Directeur à la DST, nous a présenté l’approche historique et géopolitique du terrorisme depuis l’eurocommunisme des années 60-70 jusqu’au terrorisme salafiste jihadiste contemporain. Avec un parfait esprit de synthèse, il a abordé également les postulats très divers dans l’explication du phénomène de la radicalisation ainsi que les différentes réponses techniques, juridiques et sociales proposées par les pouvoirs publics. Ce fut un passionnant concentré d’informations sur la vision de l’administration et des services de renseignements , sur la politique du danger terroriste et sur les moyens que la collectivité met en œuvre pour expliquer et tenter de solutionner ce problème. Pour les personnes intéressées, le site stop-djihadisme est une ressource profitable.

Appel à la réconciliation

M. Tarek Oubrou, Grand Imam de Bordeaux, nous a apporté sa perspective dynamique de ce que doit être pour lui l’Islam de France, une religion qui sache intégrer l’autre pour répondre à la logique spirituelle qui n’est pas la logique identitaire. Cette épistémologie pragmatique permet parfaitement à l’Islam comme ”religion du Livre” de s’adapter aux particularités de la société française et aux valeurs de la République. Il s’agit pour le musulman de réinterpréter le texte avec son regard de français du 21ème siècle, citoyen d’un État-nation laïque, quitte à faire preuve de souplesse dans sa pratique. Selon M Tareq Oubrou, l’Islam souffre de l’ignorance des musulmans de leur propre culture religieuse et doit retrouver sa place de religion, soutien d’une appartenance spirituelle apaisante, au lieu d’occuper une place civilisationnelle vecteur de stigmatisations et de revendications identitaires. L’Imam définit cet aveuglement comme la source qui génère crispation, exclusion et radicalisation dans ce qu’il caractérise comme un « choc des perceptions ignorantes ». Car la République aussi fait preuve d’ignorance et contribue à créer le communautarisme par une culture de l’égalitarisme à tout prix ; quitte à perdre la liberté de la différence, pourtant valeur fondatrice de l’Etat laïque, et détériorer le vivre-ensemble. Il appelle enfin à l’instruction religieuse, à l’élaboration d’une doctrine de droit canon qui fasse consensus entre tous les musulmans et à une représentation des musulmans de France qui puisse dialoguer avec la République.

De l’exil à l’asile

Virginie Megglé, écrivaine, psychanalyste, nous a offert la dernière intervention de la journée avec une approche ludique par l’étymologie du concept adlérien de l’appartenance, fondateur de l’identité. Sans la reconnaissance de l’autre comme identique (identité semblable), c’est l’isolement, la perte de sens, la folie. On conçoit aisément combien, sans un accueil bienveillant et rassurant, l’immigré peut ainsi se sentir différent, rejeté, en perte d’identité. Dans un langage poétique, Virginie Megglé joue avec les mots pour décrire la migration : l’exil, la perte du sol, la mise en fragilité, l’insécurité et la perte d’identité, avant le retour au sol, celui de la terre promesse, où l’accueil de l’autre s’il le reconnaît comme semblable, permet à l’immigré de retrouver cette appartenance, condition indissociable du concept d’identité. Virginie Megglé nous offre un intime parallèle avec cet autre voyage qu’est la naissance, de l’expulsion (l’exil) à la rencontre avec l’autre, la figure maternante, qui par les soins et l’attention nourrira le sentiment d’appartenance du bébé.

L’appartenance, mot-clé des adlériens

Alessandra Zambelli, Chairman et directrice de l’Institut a conclu cette journée passionnante et variée en rappelant que pour nous, adlériens, l’appartenance est un mot-clé, un des principes, une des instances de l’inconscient adlérien, pivot avec l’infériorité et la volonté de puissance de la construction psychique de l’individu. Il est important de comprendre comment on devrait pouvoir solliciter la sécurité à partir de l’appartenance, autrement que par l’obligation et le contrôle et ce que cela peut signifier en termes de famille, de réseau, d’organisation sociétale. Pourrait-on structurer l’appartenance par l’intervention de modèles biopsychosociaux au cœur du paradigme holiste adlérien ?
C’est certainement une approche pertinente car l’appartenance apporte une sécurité psychique favorable à l’épanouissement de l’autonomie et du respect d’autrui dans un monde qui pourrait évoluer vers une organisation des pouvoirs plus horizontale et coopérative où chacun a sa place et prend sa part, au lieu de se rigidifier dans une verticalité hiérarchique voire totalitaire. Malheureusement, la “fiction rigidifiée” (la psychopathologie) avec un « style de vie » individualiste de domination et de compétition parait aujourd’hui plus puissante qu’après les deux Guerres, dont les terrifiants et désastreux dégâts avaient su éveiller la conscience à l’appartenance. L’actuel terrorisme sollicite également l’autre côté du miroir : notre responsabilité face à l’écoute de la différence indicible et terrifiante.

Replay Vidéo

Le replay vidéo de cette journée est disponible au tarif de 20€. Il est réservé à nos adhérents.

Samedi 16 & Dimanche 17 Mars 2019

Samedi 16 & Dimanche 17 Mars 2019

La violence : ses multiples formes et ses déguisements contemporains

Tous les détails de la Journée sur la page de l'événement

Samedi 16 Mars 2019, 09:00-18:00

Journée Psychosociologique Interdisciplinaire, Entrée ouverte à tous les adhérents

Formation : Axe 1 (Théorique) – Axe 2 (Psychodiagnostique) – Axe 5 (Clinique)

  • Barbara Simonelli & Simona Fassina : Violence contre les femmes : la victime, le persécuteur, les dépendances affectives (Durée 4 heures)
  • Jean-Louis Aillon & Elena Dal Santo : Nouvelles formes d’agentivité (agency) ) l’adolescence : un lien possible entre le phénomène des « neet » (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire) et le terrotisme (Durée 2 heures)
  • Filippo Rutto : Les dynamiques sociales de la violence (Durée 1 heure)
  • Virginie Megglé : La violence indicible, l’abus de pouvoir entre infériorité et supériorité

Dimanche 17 Mars 2019, 09:00 – 18:00

Atelier de cas cliniques, Réservé aux élèves inscrits

Formation : Axe 2 (Psychodiagnostique) – Axe 3 (Technique) – Axe 5 (Clinique)

  • 09:00 – 11:00 : Simona Fassina : Etude de cas clinique
  • 11:00 – 13:00 : Jean-louis Aillon : Etude de cas clinique
  • 14:00 – 16:00 : Filippo Rutto : Etude de cas clinique
  • 16:00 – 18:00 : Barbara Simonelli : Etude de cas clinique
  • 18:00 : Alessandra Zambelli : Clôture de la 2ème Année de formation

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Quand l’enfant nous dérange et nous éclaire

Quand l’enfant nous dérange et nous éclaire

L’enfant qui n’entre pas dans le
moule est bien souvent
le révélateur d’un dysfonctionnement,
en exprimant à travers
son symptôme des conflits familiaux inconscients.

 

“Voici un ouvrage à faire découvrir à tous les parents: il permet une vraie remise en question de notre rôle, sur notre manière de fonctionner avec nos enfants, à comprendre leurs petits et grands maux.”

Line

Blog, 2petitsloulous

“Un livre qui ne laisse pas indifférent tant il pousse le questionnement. L’enfant perçu comme difficile, comme l’enfant qui « rentre dans le moule » peut avoir quelque chose à dire de par son comportement.”

Maman Chameau

blog, seveilleretsepanouir

Virginie Megglé

Psychanalyste

Virginie Megglé est psychanalyste en région parisienne, spécialisée dans les dépendances affectives et les troubles de l’enfance et de l’adolescence. Elle est également Superviseur Adlérienne IAAP et Professeur à la SFU (Branche Française de la Sigmund Freud Université, Vienne). Sa pratique s’étend aux constellations familiales, à la psychanalyse transgénérationnelle et à la psychosomatique. Elle est notamment l’auteur de : Le bonheur d’être responsable: vivre sans culpabiliser (Odile Jacob 2014), Les séparations douloureuses, guérir de nos dépendances affectives (Eyrolles 2015), Frères, sœurs : guérir de ses blessures d’enfance (Leduc 2015), Face à l’anorexie : Le visible et l’invisible (Eyrolles 2006). Elle est également fondatrice de l’association et animatrice du site Psychanalyse en mouvement

.

Dans ce dernier ouvrage, Quand l’enfant nous dérange et nous éclaire, Virginie Megglé nous montre qu’en redonnant du sens aux maux, en comprenant les interdépendances systémiques ou transgénérationnelles, le symptôme chez l’enfant peut être l’occasion pour une famille de grandir et pour chacun de retrouver sa juste place.

… le courage que confère une intime connaissance de soi.

Extrait de

l’avant-propos

Il existe des enfants joyeux, mais rares sont ceux qui n’ont jamais fait l’expérience de la souffrance… Ne serait-ce que celle de se sentir obligés de rendre leurs parents heureux ! De s’efforcer à être sages plus que de raison en s’adonnant à d’extraordinaires mais invisibles contorsions mentales pour ne procurer aucun désagrément… La réponse à la prière implicite qu’on leur adresse de rester charmants comme au premier jour n’est pas une sinécure.

Il existe aussi des enfants heureux, très heureux qui nous comblent de leur bonheur, jusqu’à ce que survienne un signal, une contradiction, un doute, un accident… parfois un drame. C’est alors que surgira, non plus des bobos, mais l’ombre de traumas passés inaperçus. Leur reviviscence énigmatique à travers des cris et des expressions de douleurs inattendus en révélera les traces et l’empreinte profonde, éprouvante, au-delà de toute imagination.

L’enfance est généreuse et le désir la pousse à minimiser la souffrance une fois les difficultés surmontées et à pardonner aux adultes dont la volonté se fait parfois trop arbitraire ou coercitive.

Mais la pratique nous enseigne qu’une souffrance continue à agir en nous, si ce qui la produit n’est pas élucidé. Et, paradoxalement, que la manifestation d’une souffrance peut nous enseigner la joie par l’attention qu’on lui porte. Il n’est de souffrance anodine ni de difficulté méprisable. Il n’en est qui ne fassent sens quand nous les interrogeons. La vie secrète qu’elles recèlent est un trésor à l’égal de celle des arbres et des forêts. Une mine d’or et d’ingéniosité, un monde souterrain éclairant qui nous permet de redécouvrir le nôtre, de mieux entrer en contact avec notre vérité.

Les enfants sont naturellement disposés à apprendre, à aimer, à participer, à se sentir utiles, ils le sont aussi pour nous apprendre à aimer. Leur bienveillance est innée avant d’être mise en question par un climat excluant la considération de ce qui peine et laissant peu de voies à l’empathie.

Leurs difficultés, celles que nous rencontrons à leur contact, sont celles dont nous parlent les fictions. Pourquoi ne pas y porter la même attention que celle que nous portons aux chapitres d’un roman ou aux épisodes d’une série, pour mieux les connaître et se connaître, mieux se comprendre et les comprendre, mieux aimer ?

En nous ouvrant à l’enfantine souffrance, en refusant de la négliger, nous nous donnons les moyens de la transformer en une fiction heureuse. Tout en se dissipant, elle cesse dès lors de sembler inutile. Son écoute aura permis de réinsuffler du sens à la vie. Si la joie est à l’origine de la vie, elle est aussi un point d’arrivée une fois pris en compte sincèrement ce qui la contrarie.

Ce que nous percevons de nous-mêmes et du monde, au quotidien, n’est qu’une infime part de ce qui nous anime… En ouvrant notre perception au-delà du visible, nous nous offrons les moyens de transformer ce qui nous perturbe et d’optimiser notre puissance bien plus que si nous cherchions à agir directement dessus.

C’est une petite fenêtre sur ce vaste monde qu’est l’inconscient que je propose ici d’ouvrir, afin de dégager à travers un certain regard de nouvelles perspectives d’avenir.

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13.01.2018 – Atelier – Virginie Megglé – La constellation familiale

Atelier du 13 Janvier 2018 : Virginie Megglé

“Enfance
et Adolescence : l’enfant symptôme dans sa fratrie et au cœur de sa constellation familiale”

Virginie Megglé

Virginie Megglé est Psychanalyste et Superviseur Adlérienne IAAP, Professeur à la SFU (Branche Française de la Sigmund Freud Université, Vienne), auteure de nombreux articles dans la presse spécialisée et de plusieurs ouvrages dont notamment: Le bonheur d’être responsable: vivre sans culpabiliser (Odile Jacob 2014), Les séparations douloureuses, guérir de nos dépendances affectives (Eyrolles 2015), Frères, soeurs : guérir de ses blessures d’enfance (Leduc 2015), Face à l’anorexie : Le visible et l’invisible (Eyrolles 2006).

Ce week-end de formation IAAP de psychanalyste adlérien est réservé aux élèves inscrits. Virginie Megglé nous propose l’analyse de la Constellation Familiale et de la position dans la fratrie qu’Adler avait posées au centre de sa pratique psychodiagnostique et thérapeutique : « Enfance et Adolescence : l’enfant symptôme dans sa fratrie et au cœur de sa constellation familiale ». Elle s’appuie également sur la clinique en évoquant sa pratique personnelle avec ses patients. Elle aborde également les concepts adlériens du sentiment d’infériorité et de la compensation psychique, les premiers souvenirs d’enfance et l’analyse des rêves dans la spécificité interprétative adlérienne à partir du texte d’Adler « Pratique et Théorie de la Psychologie Individuelle comparée ».

La vidéo de cette intervention est réservée aux abonnés.

(suite…)

14.10.2017 – Intervention Virginie Megglé – Addictions et dépendances affectives

14.10.2017 – Intervention Virginie Megglé – Addictions et dépendances affectives

Intervention du 14 Octobre 2017 : Virginie Megglé

« Addictions et dépendances Affectives »

Psychanalyste, Professeur à la SFU (Branche Française de la Sigmund Freud Université, Vienne), Virginie Megglé est Superviseur à l’IAAP, auteure de nombreux ouvrages, dont notamment : « Vivre sans culpabiliser. Le bonheur d’être responsable », chez Odile Jacob, « Frères, sœurs, guérir de ses blessures d’enfance » chez Leduc,
« Les séparations douloureuses, guérir de ses dépendances affectives » chez Eyrolles..

Pour une psychanalyse du lien et des dépendances affectives

Sentiment d’abandon, séparations douloureuses, frustration insoutenable, sentiment d’insécurité ou d’infériorité, fusion, difficulté à « grandir », les problèmes d’attaches relationnelles sont d’éternelle d’actualité… Nous le constatons aujourd’hui, à travers l’appréhension de la jeunesse face à son avenir. La difficulté de certains à quitter le domicile familial pour prendre leur envol ou, à l’opposé, les ruptures conflictuelles auxquelles d’autres finissent par céder en sont des signes évidents. L’éclosion des troubles alimentaires ou de multiples addictions, également, sont autant de souffrances qui nuisent à notre épanouissement affectif et familial, voire à l’ensemble de nos relations sociales.
D’où vient cette impossibilité à se sentir rassuré par autrui ? La psychanalyste Virginie Megglé explore ce thème qu’elle aborde ici sous le prisme adlérien.

(suite…)