Les origines de la pensée d’Adler
Alfred Adler, né à Vienne en 1870, commença sa carrière en Autriche. Docteur en médecine en 1895, il fut élève de Freud, reconnaissant la haute valeur d’investigation psychique de la psychanalyse.
Le point de départ de l’œuvre originale d’Adler, dans sa première étude publiée à Vienne en 1907, est constitué par ses observations sur les infériorités des organes et leur compensation psychique. Le processus vital s’exprime par un perpétuel effort du corps pour s’adapter aux exigences extérieures et maintenir son équilibre par des phénomènes de défense, de compensation et de suppléance au niveau de l’organe. Le processus psychique, agissant en corrélation avec le corps, est constamment orienté également vers un but de supériorité, de sécurité et de perfection.
L’être humain, dans son insécurité, éprouve un sentiment d’infériorité qui appelle constamment une compensation. La tension psychique qui en résulte retentit sur l’organisme. Celui-ci, par les voies du système nerveux végétatif et des modifications endocriniennes, subit des altérations qui, normales comme manifestations éphémères, entraînent des troubles fonctionnels quand elles persistent.
Inversement, l’état organique agit sur le processus psychique. Dans le cas d’infériorité organique héréditaire, les exigences extérieures sont ressenties comme hostiles, ce qui provoque dans le psychisme une tension aggravant le sentiment d’infériorité et pouvant conduire à des échecs. Mais, parfois, l’entraînement psychique résultant de cette tension a pu mener à de grandes réussites : les hommes les plus remarquables sont souvent défavorisés physiquement; en surmontant leurs infériorités organiques, ils développent des aptitudes inhabituelles.
À partir de ces constatations, premiers fondements de sa théorie, la pensée d’Adler s’orienta vers une observation sur l’origine et la finalité de la conduite. Cette double question caractérise la méthode de travail de la psychologie adlérienne.
En 1910, il se sépara de Freud et instaura son propre système qu’il nomma Individual psychologie. Par ce terme, pris dans son sens étymologique (individuus, indivisé), Adler a voulu exprimer qu’il ne séparait pas l’esprit et le corps, que la personne était indivisible.
Neurologue et psychologue de talent, il organisa à Vienne, à partir de 1912, des consultations psychopédagogiques dans les écoles. De nombreux disciples se groupèrent autour de lui. Agrégé à l’Institut de pédagogie de Vienne en 1924, il fut titulaire en 1927 d’une chaire de psychologie médicale à la Colombia University de New York et, en 1932, au Long Island Medical College de New York. Il développa sa théorie dans ses articles et tournées de conférences en Europe et rédigea d’importants ouvrages. Son école prit une extension croissante dans les pays de langue allemande, anglaise et même française, influençant les courants de la pensée contemporaine par sa contribution à la psychopédagogie ainsi qu’à la compréhension et au traitement des névroses. Alfred Adler mourut subitement à Aberdeen en 1937.
Un texte d’ALFRED MEYER, «ADLER ALFRED – (1870-1937)», Encyclopædia Universalis