par Tamara La | Jan 3, 2023
Description du projet PSYCH.E.IN
Réalisé en Consortium européen dans le cadre ERASMUS +, avec cinq autres pays.
Il s’agit de la création d’une formation en ligne complément gratuite en psychologie d’urgence à destination des professionnels de la santé. Nous sommes ainsi en collaboration avec des institutions telles que l’Association EMDR Italie, deux Universités de Slovaquie et Pologne, les associations psychologiques Grecque et Tchèque, partenaires dans ce travail.
Le projet a reçu la reconnaissance ECTS – EURPEAN CREDIT TRANSFER SYSTEM – en Pologne, c’est-à-dire la reconnaissance universitaire, donc les Universités polonaises l’utiliseront comme cours universitaire. Et ceci vaudra pour toute l’Europe.
Le projet a visé la construction de 3 outils de formation en psychologie d’urgence, repartis en 2 Sections.
1) Une partie théorique (sous forme de MOOCS):
- Un cours en ligne (MOOC 1) destiné aux psychologues/psychothérapeutes/psychanalystes qui travaillent ou ont l’intention de travailler en situation d’urgence,
- Un cours en ligne (MOOC 2) pour les formateurs de psychologues/psychothérapeutes/psychanalystes en situation d’urgence ou pour ceux qui ont l’intention de le devenir.
2) Une partie pratique
- Un parcours en ligne TOOLKITS 1( Boîte à outils) pour soutenir les activités de briefing et de débriefing émotionnel pour les psychologues / psychothérapeutes / psychanalystes en situation d’urgence, visant à préserver la santé psychophysique et à prévenir les traumatismes par procuration (Trauma vicariant)
- Un parcours en ligne TOOLKITS 2, (Boîte à outils) pour l’évaluation de l’efficacité des méthodologies et des contenus en classe transmis dans un cours de psychologie d’urgence pour les formateurs.
3) Un recueil d’études de cas (Case Studies) et de bonnes pratiques (Good Practices) dans les différents domaines d’intervention.
Introduction IAAP et Psych.E.In
Par Alessandra Zambelli, Présidente IAAP
PhD on Psychopathology and Psychoanalysis, Philosopher, Psychologist, Psychotherapist, Supervisor and Teacher IAAP, Practitioner EMDR, Trainer and Psychodramatist with Children and Youth. She is the IAAP Manager Project and Communication Manager for the Psych.E.in free-training project ERASMUS + in Emergency Psychology, and IAAP President.
Psychological Early Intervention (on line)
Clinical training – reasons, research and models behind the Project. Facilitator Role of the psychologist as Manager on crisis.
Intervention psychologique précoce : Formation clinique – raisons, recherche et modèles derrière le projet. Le Rôle de Facilitateur du psychologue en tant que Ménager de la crise.
Par Serena Zucchi – EMDR (Italie)
Psychologist, Psychotherapist, Praticioner EMDR, Psych.E.In Project Manager
Présentation MOOCs 1 (on line)
Par Bessy Karagianni – I.G.A. Athens (Grèce)
Clinical Psychologist (D.E.S.S.), Group Analyst, EMDR therapist, Secretary General of the Association of Greek Psychologists, Member of I.G.A. Athens and Group Αnalytic Society International.
Présentation MOOCs 2 (on line)
Par Andromachie Giannakopoulou – I.G.A. Athens (Grèce)
Psychologist, MSc, EuroPsy, Group Analyst psychotherapist, ECP, Member of the training committee of IGAA
The unhoused mind (on line)
the psychosocial dynamics in the current environment. Regaining a sense of belonging
L’esprit non logé : la dynamique psychologique dans l’environnement actuel. Retrouver un sentiment d’appartenance
Par Francesca Bascialla, Athens (Grèce)
Phd, Psychiatrist, Group Analyst, Scientific Associate of the A’ Psychiatric Clinic of the Aristotle University of Thessaloniki, Honorary Secretary of the Group Αnalytic Society International (GASi), Member of I.G.A. Athens
Présentation TOOLKITS 1 & 2
L’empathie comme pierre angulaire de la prise en charge en psychologie d’urgence – et dimension transversale de la formation, entre MOOCs et TOOLKITs [T1 Unit 8 Empathie ]
Par Alessandra Zambelli, Présidente IAAP
PhD on Psychopathology and Psychoanalysis, Philosopher, Psychologist, Psychotherapist, Supervisor and Teacher IAAP, Practitioner EMDR, Trainer and Psychodramatist with Children and Youth. She is the IAAP Manager Project and Communication Manager for the Psych.E.in free-training project ERASMUS + in Emergency Psychology, and IAAP President.
BUFFET
L’IAAP a le plaisir de vous inviter à un temps convivial lors de la pause du midi autour d’un déjeuner dînatoire créé et réalisé par la cheffe Pauline Baudet – Inscription obligatoire en présentiel
Présentation I.O.3 Cases Studies 1 & 2
L’expérience de la cellule psychologique d’urgence de l’IAAP en tant que thérapeute coopté et superviseur coopté
Par Océane Previtera & Basile Cossade – IAAP (France)
Océane Previtera
Secretary General of IAAP, co-opted Adlerian Psychoanalyst (student of the class 1- 6thyear).
Basile Cossade
Vice-President IAAP for international communications, Psychologist SFU, co-opted Adlerian Psychoanalyst (student of the class 1- 6th year)
Présentation I.O.3 Case Study VET (on line)
Le harcèlement scolaire et le cyber-harcèlement : l’intervention d’urgence et précoce comme nouvelle perspective d’intervention et méthode par la perspective adlérienne
Par Christelle Schläpfer– IAAP (France, Suisse)
Master of Arts, former High School Teacher and founder of edufamily®. Adlerian counsellor and lecturer in the field of parent and teacher training. Faculty @Ramon Liull University in Barcelona, @ICASSI (International Committee for Adlerian Summer Schools and Institutes) and @Alfred Adler Institute in Paris (IAAP). Specialised in bullying and cyberbullying. She internationally trains multipliers against (cyber)bullying: mainly teams of teachers, school social workers, counsellors and psychologists.
Conclusion et Table Ronde
Par Alessandra Zambelli – Présidente IAAP (France)
Par Alessandra Zambelli, Présidente IAAP
PhD on Psychopathology and Psychoanalysis, Philosopher, Psychologist, Psychotherapist, Supervisor and Teacher IAAP, Practitioner EMDR, Trainer and Psychodramatist with Children and Youth. She is the IAAP Manager Project and Communication Manager for the Psych.E.in free-training project ERASMUS + in Emergency Psychology, and IAAP President.
Pour vous inscrire et assister à la Journée de formation professionnelle du 21 Janvier 2023. Pour profiter de toutes nos activités. Pour vous former à la psychanalyse adlérienne. Pour soutenir la recherche. Pour collaborer. Adhérez à l’Institut !
par Basile Cossade | Mar 1, 2021
Qu’est ce que « Psych.E.In » ?
Psych.E.In sera une formation en e-learning *
- Destinée à la fois aux professionnels de l’intervention d’urgence et aux formateurs en Formation Professionnelle Continue (EFP-VET*) pour les professionnels de l’intervention d’urgence.
- Construite sous la forme de modules interchangeables, elle abordera les aspects de gestion de crise et le suivi de la prise en charge post-traumatique.
- La formation sera conçue et réalisée en anglais, puis traduite en français par l’équipe de l’Institut Alfred Adler de Paris.
- Elle sera traduite également dans les 5 langues des autres pays partenaires
- Elle sera gratuite et disponible pendant 7 ans pour les membres de la Communauté Européenne
- Le programme est prévu sur une durée de 2 ans, du 01.11.2020 au 31.10.2022
Un Projet de formation d’envergure internationale
L’équipe de l’Institut Alfred Adler de Paris est ravie de participer à ce magnifique projet avec ces institutions partenaires et amies, dans un bel esprit d’appartenance communautaire européenne
Les Partenaires européens
(clic sur les drapeaux pour visiter les sites des partenaires)
COORDINATEUR : UNIVERSITÉ JAN KOCHANOWSKI DE KIELCE
(POLOGNE)
INSTITUTE OF GROUP ANALYSIS, ATHÈNES
(GRÈCE)
ASSOCIATION EMDR, VAREDO,LOMBARDIE
(ITALIE)
PIXEL, ASSOCIATION CULTURELLE, FLORENCE
(ITALIE)
UNIVERSITÉ DE PRESOV
(SLOVAQUIE)
ASSOCIATION DES PSYCHOLOGUES CLINICIENS, PRAGUE
(RÉPUBLIQUE TCHÈQUE)
CONTEXTE ET HISTORIQUE DU PROJET
La pandémie de 2020 due au Covid-19 souligne l’importance cruciale des compétences des personnels de secours et de santé impliqués dans les situations d’urgence psychologique.
Faire face à l’urgence psychologique est devenue une nouvelle priorité de la communauté européenne, presque une nouvelle profession. En réponse à cette priorité, il a été proposé d’optimiser la formation pour les intervenants en situation d’urgence psychologique afin de renforcer l’accessibilité et l’expertise européenne dans ce domaine. Il s’agit d’améliorer le professionnalisme des soins fournis par les psychologues, les psychothérapeutes et les psychanalystes, mais aussi de former les professionnels intervenant en situation d’urgence : pompiers, policiers, secouristes, hospitaliers, militaires, humanitaires, logisticiens, administratifs, etc…
L’intervention en situation d’urgence psychologique vient en aide aux personnes impliquées dans une situation d’urgence humanitaire afin de les aider à stimuler leurs ressources internes et leur capacité d’adaptation, ainsi que celles de ceux qui les entourent. Elle s’adresse aux particuliers et professionnels, individus ou organisations, pour aider les communautés à revenir à la normale après une catastrophe ou un événement critique.
L’Institut Alfred Adler de Paris, particulièrement motivé par ces problématiques et les psycho-traumatismes qu’elles génèrent, s’est impliqué́ dans le projet communautaire « Psych.E.In » (Psychological Early Intervention : Clinical Training) et fait partie d’un consortium organisé en coopération avec 6 partenaires institutionnels européens dans le cadre des programmes de formation professionnelle continue de l’Union Européenne (Erasmus +, KA2, VET*).
OBJECTIFS DE LA FORMATION
Offrir aux psychologues, psychothérapeutes, psychanalystes, tous type de personnels de secours et aux formateurs en Formation Continue (EFP-VET*), les multiples outils utiles pour acquérir et développer les compétences psychologiques clés en matière d’intervention d’urgence. Il s’agira de favoriser la compréhension des spécificités des situations de crise complexes et la coordination des ressources, en vue de faciliter la reprise de la santé et du bien-être des victimes directes et indirectes, ainsi que le développement de la résilience individuelle et sociale, lors des situations d’urgence humanitaire et du suivi post-traumatique.
Des compétences cliniques, des compétences pédagogiques, des compétences de coordination et de mise en réseau en situation d’urgence seront proposées, pour permettre de comprendre le nouveau complexe profil du psychologue en situation d’urgence et d’intervention de premier aide.
La gestion de Psych.E.In. est structurée selon les cinq grands groupes de processus de gestion de projet : initiation, planification, exécution, suivi et contrôle et clôture.
L’approche qualité EFQM (European Foundation for Quality Management) est fournie pour garantir le leadership participatif, l’adhésion et l’impact.
PROFIL DES PARTICIPANTS CIBLÉS
Les cibles directes sont :
- Tous professionnels intervenant en situation de crise et au moins entre psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes
- Les formateurs de psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes (EFP-VET*) et d’autres figures professionnelles intervenant en situation d’urgence
Les cibles indirectes sont :
- Les personnes issues du grand public
- Les personnels sanitaires (médecins, infirmières…) et personnels de secours (policiers, pompiers, secouristes…)
- Les étudiants en psychologie de premier cycle universitaire
- Les organismes de Formation Professionnelle dans le secteur de la santé et des services de secours
- Les journalistes et agences de communication
- Les chercheurs/professeurs dans le domaine de l’urgence
- Les décideurs politiques
PROGRAMME SECTION 1 – LES MOOCs
Les MOOCs offrent un accès exhaustif aux aspects théoriques de la psychologie d’urgence à partir des caractéristiques historiques de la discipline, en passant par l’analyse des différentes phases cliniques et sociales d’une intervention psychologique de premier secours jusqu’au détail des différentes modalités d’intervention.
L’aspect innovant est la proposition du rôle du thérapeute comme facilitateur de l’ensemble des équipes intervenantes en situation d’urgence, mettant l’accent sur les compétences de management et de coordination entre équipes et ressources pour affronter les différentes problématiques de l’urgence avec une perspective psychologique.
Pour répondre aux besoins de formation en psychologie d’urgence des professionnels (personnels de secours, thérapeutes, formateurs), en particulier dans la période d’urgence de 2020, les MOOCs utilisent des supports pédagogiques interactifs et variés pour standardiser les parcours d’apprentissage, avec des modules et des étapes clairs qui les rendent très utilisables et déclinables dans les différents contextes d’urgence.
Les Toolkits (Kits d’outils) visent à offrir aux participants une auto-formation facilitée sous la forme d’outils multiples, tels que vidéos, animations, parcours interactifs, tests et quizz, questionnaires pédagogiques, pour un débriefing personnel en autonomie afin de s’entraîner à affronter les différentes phases des interventions psychologiques d’urgence.
Le but est d’apprendre et s’entraîner à détecter et prendre en charge le soin de la santé mentale des différentes typologies de victimes, dont le personnel d’intervention d’urgence fait partie, en prévenant l’épuisement professionnel, la détresse et les conséquences du traumatisme indirect.
SECTION 3 – LES CASES STUDIES
Les cases studies (études de cas) visent à développer la description des contextes multiples et très différents des interventions psychologiques d’urgence ainsi que les approches d’intervention elles aussi très nombreuses.
Les études de cas offriront une matrice systémique d’expertise dans laquelle chaque apprenant pourra savoir reconnaître et juger les meilleures interventions par le contenu et la demande psychologique spécifique de la cible.
Les cas étudiés seront sélectionnés parmi les plus pertinents à partir de l’expérience directe des 6 partenaires du projet et leurs réseaux nationaux.
BÉNÉFICES AU DELA DE LA FORMATION
Le consortium améliorera le langage commun et la mise en réseau des organismes d’EFP-VET* et des autres parties prenantes dans les situations d’urgence. La santé mentale individuelle et la résilience de la communauté seront améliorées par une intervention psychologique précoce qualifiée. Une attention particulière sera accordée aux populations fragiles telles que les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les sauveteurs. Les compétences du personnel de soins de santé et de sauvetage pour s’occuper des victimes en cas d’urgence humanitaire seront améliorées. Il s’agira finalement d’un outil-ressource disponible pour tous pour s’entretenir dans le développement de sa propre résilience et celle de la communauté face aux situation de crise aiguë telle que la pandémie actuelle.
par Basile Cossade | Jan 12, 2021
Les Partenaires européens
(clic sur les drapeaux pour visiter les sites des partenaires)
COORDINATEUR : UNIVERSITÉ JAN KOCHANOWSKI DE KIELCE
(POLOGNE)
INSTITUTE OF GROUP ANALYSIS, ATHÈNES
(GRÈCE)
ASSOCIATION EMDR, VAREDO,LOMBARDIE
ITALIE
PIXEL, ASSOCIATION CULTURELLE, FLORENCE
(ITALIE)
MODRY ANJEL / ÉQUIPE D’INTERVENTION, BRATISLAVA
SLOVAQUIE
ASSOCIATION DES PSYCHOLOGUES CLINICIENS, PRAGUE
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
Psych.E.In. – Formation Clinique en Intervention Psychologique de l’urgence
Le projet européen intitulé « Psych.E.In. – Psychological early intervention : clinical training» a été rédigé et coordonné par l’Association Culturelle Italienne Pixel en coopération avec l’initiateur et coordinateur scientifique du projet, l’Université JAN KOCHANOWSKI, basée à Kielce en Pologne.
Ce projet est financé par le programme Erasmus+, KA2 (Key Action 2) – Partenariats stratégiques pour l’enseignement et la formation professionnels (VET).
Il vise à fournir aux psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes des compétences cliniques en intervention psychologique précoce pour soutenir la santé et le bien-être des victimes d’urgences humanitaires. Une version adaptée pour les formateurs professionnels est également à l’étude.
- Domaine : Enseignement et formation professionnels (VET)
- Date de début : 01.11.2020
- Date de fin : 31.10.2022
- Site web : Site Erasmus + de l’UE
- Description : Le projet européen Psych.E.In vise à fournir aux psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes des compétences cliniques en matière d’intervention psychologique d’urgence pour soutenir la santé et le bien-être des victimes d’urgences humanitaires.
- Acronyme : Psych.E.In
- Programme de financement : Programme Erasmus+, KA2 – Partenariats stratégiques pour l’enseignement et la formation professionnels
Les partenaires internationaux sont :
- Institut Alfred Adler de Paris (Francia)
- Institut d’analyse de groupe d’Athènes (Grecia)
- Université Jana Kochanowskiego w Kielcach (Polonia)
- Asociace klinickych psychologu Ceske republiky z.s. (Repubblica Ceca)
- Modrý anjel tím krízovej intervencie n.o. (Slovacchia)
- Associazione per l’EMDR in Italia (Italie)
Des rencontres transnationales
Lors de la réunion de lancement le 30 Novembre dernier via la plateforme Zoom, les membres des équipes des 7 associations et institutions partenaires du projet européen se sont présentés, ainsi que leurs expériences et expertises relatives au projet. Les principales activités à développer ont été présentées, mettant l’accent particulièrement sur les MOOCs qui s’adresseront aux psychologues, psychothérapeutes et psychanalystes, mais aussi aux personnels de secours et également aux formateurs de tous ces professionnels.
=> Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des différentes étapes d’avancement du projet. Abonnez-vous pour ne rater aucune actualité.
par Basile Cossade | Mai 7, 2019
(Clic sur l'image pour accéder à l'archive)
Troisième étape pour l’Institut Alfred Adler de Paris dans son parcours de réflexion sur la nature bio-psycho-sociale de la violence en tant que réponse compensatoire inadaptée de l’infériorité, et ses liens avec le processus technologique de la mondialisation.
J’en profite pour remercier M. Pietro Blengino, Rédacteur en Chef de la Newsletter de l’Osservatorio sul Terrorismo (OT, Observatoire sur le Terrorisme) qui sait si bien mettre en évidence l’efficacité de l’interdisciplinarité, en particulier sur des sujets très concrets comme la sûreté et le terrorisme.
Cette affinité méthodologique spontanée est précieuse, car de ses perspectives diversifiées, est née une coopération de recherche scientifique, afin d’approfondir et publier sur ces thématiques de violence et d’adolescence. Thématiques que nous abordons dans le cadre de nos formations, par le biais de nos journées scientifiques comme celle du 16 Mars 2019 qui fut entièrement dédiée à ce phénomène psychologique et social au statut ambigu entre condamnation par les uns et exaltation parfois héroïque par d’autres.
Mme Alessandra Zambelli
Responsable Formation IAAP
Avec leur aimable autorisation, nous publions ici la traduction de l’Introduction en italien de la Newsletter n° 17 de l’Osservatorio Terrorismo, rédigée par le Rédacteur en chef M. Pietro Blengino. Nous publions à la suite notre article « La violence sous ses multiples formes et déguisements contemporains ». »
Pietro Blengino (Caporedattore)
ANSSAIF, Associazione culturale
Pietro Blengino (Rédacteur en Chef),
ANSSAIF, Association Culturelle
La violence sous ses multiples formes et déguisements contemporains.
Réflexion brève, sur la nature bio-psycho-sociale de la violence au coeur du paradigme adlérien.
«La violence, une force faible» (Vladimir Jankelevitch)
Nous sommes très heureux de continuer de nous adresser aux lecteurs de l’OT pour leur présenter nos initiatives, car nous apprécions et partageons l’approche multidisciplinaire choisie par l’OT pour aborder la thématique du terrorisme et de ses causes, et les origines de la violence sociétale.
Aujourd’hui, nous avons l’intention d’explorer avec vous les thèmes suivants :
- a) la relation entre le malaise des adolescents et ses nouvelles formes d’expression,
- b) la violence résultant d’une recherche extrême de sens,
- c) la dépression en réaction à une culture de l’absence de limites,
- d) le terrorisme en tant que réponse paradoxalement cohérente à ces racines psychoculturelles,
- e) le paradigme adlérien en tant que matrice de solutions multidisciplinaires,
- f) la réintégration culturelle de la féminité à ces nouvelles formes de violence en tant que « solution symbolique très concrète ».
Ce sont les sujets inclus au programme 2019 de la formation de psychanalyste adlérien à l’Institut Alfred Adler de Paris; nous nous sommes fixés comme objectif culturel ambitieux de créer un temps stimulant pour le débat scientifique européen sur le thème de la violence, de l’identité et des racines du terrorisme dans la société contemporaine.
Adolescents et violence, une approche multidisciplinaire
Reprenant le thème de l’adolescence (et ses façons actuelles et bien spécifiques de composer avec les nouvelles formes de violence adulte) à partir des points laissés ouverts dans notre précédent article (OT n°8), nous retrouvons le sujet de la Conférence tenue à l’IAAP le 16 mars dernier qui avait pour titre « les multiples formes de la violence et ses déguisements contemporains », comme prévu dans l’OT numéro 16, Conférence que nous souhaitons vous résumer ici.
La journée a débuté par l’analyse du fonctionnement de la violence domestique avec la Prof. Simona Fassina, psychothérapeute et analyste Adler (SAIGA, Turin), qui a présenté, avec une grande clarté, la structure psychique de la victime dans le couple (souvent la femme) et souligné la nécessité d’un accueil systémique et coordonné des différents services d’aide aux victimes.
Avec notre collègue la Prof. Barbara Simonelli (référente du groupe de travail sur la violence à l’égard des femmes de l’Ordre des Psychologues du Piémont), nous avons identifié la structure psychique du sujet abuseur, qui à son tour comporte une expérience (appartenant à l’enfance ) évolutive et dissociée de maltraitance et donc une partie interne inconsciente de victime maltraitée, qui provoque aversion et dérangement chez les responsables sociaux de leur prise en charge thérapeutique.

Jean-Louis Aillon est médecin et psychothérapeute adlérien (en Italie une spécialisation d’une durée de 4 ans après une master en Psychologie ou Médecine est obligatoire pour l’exercice de la psychothérapie dans toutes ses formes). Il nous a plongés au cœur du phénomène des jeunes « NEET » (non engagés dans l’éducation, l’emploi ou la formation), plus impressionnant en Italie qu’en France selon les données d’Eurostat.
Il a expliqué comment ce phénomène est lié à un mal-être adolescent en nette augmentation ces dernières décennies, et a été analysé statistiquement en termes de dépression et de suicides (Federico Batini, « NEET: un phénomène qui reste à explorer », Revue trimestrielle de l’éducation, v48 n1 p19-37 févr. 2017) , également lié au pourcentage de la population au chômage (Luigi Zoja, « Les utopies minimalistes. Un monde plus désirable même sans héros », 2013, Chiarelettere). Les données étudiées nous informent également de la recrudescence des comportements violents extrêmes, liés à l’expansion constante des technologies et l’accès toujours plus facile via Internet aux plateformes telles que Knout Out Game, Blue Whale, Fight Club, Daredevil Selfie.
Le modèle interprétatif appliqué par le Dr Aillon fait référence au modèle bio-psycho-social adlérien, désormais soutenu (sans l’étiquette adlérienne) par des psychologues, psychanalystes, sociologues, anthropologues contemporains tels qu’Umberto Galimberti, Miguel Benasayag ou Luigi Zoja. Nous savons qu’en réalité, ils reprennent non seulement Adler, mais également les thèses de Spinoza, Nietzsche et Constantin Noica. C’est dire si les oppositions de chapelle et de disciplines sont finalement surmontées pour permettre de comprendre des phénomènes qui ne seraient sinon que stigmatisés.

L’adolescence actuelle semble souffrir d’une crise existentielle peu commune, ce qui est en jeu, c’est la négation de l’avenir.
Je sais que votre association A.N.S.S.A.I.F. traite de la formation des jeunes et vise des initiatives spécifiques dédiées. C’est pourquoi, il est
important de comprendre que la souffrance des adolescents ne provoque pas de larmes, mais un sentiment d’impuissance, de désintégration et de manque de sens. Les valeurs qui portent les références pour la construction d’une identité semblent être annihilées, à cause du concept même de limite qui est brisé : puisque tout peut être poursuivi indéfiniment, aucune action ne sera réellement suffisante pour obtenir un sentiment de satisfaction, de bien-être et de succès, ce qui est pourtant nécessaire pour forger sa place dans le monde et son identité. La dépression qui en résulte, souvent inconsciente, a donc son origine dans un sentiment d’inadéquation par rapport à un objectif qui ne peut jamais être atteint, tellement il s’est éloigné du réel pour reposer entièrement sur les attentes idéalisantes des autres, de qui semble dépendre notre propre valeur intime : la valeur d’un moi intégré, mais qui, dans ce système, reste séparé. Les jeunes NEET semblent donc signaler que la culture sociale actuelle est assujettie à un narcissisme absolu où la limite est l’impossible, déguisé en «Record», le nouveau dieu incontesté, tel que j’ai pu le décrire dans notre séminaire de Novembre 2018 consacré au thème de l’exploitation de la violence du symbolique dans le monde virtuel (en réalité très concret) et donc social. Ces jeunes se réfugient par conséquent dans un monde personnel dont la seule « valeur » est l’exclusion des valeurs assumées concrètement par notre société.
Ces nouvelles générations NEET cherchent dans ce rejet critique, mais encore inconscient, des voies d’intégration sociale considérées comme normales, une nouvelle façon de procéder dans leur processus d’individuation, mais elles semblent manquer du sentiment d’appartenance suffisant pour achever le processus et rendre leur critique consciente et ouvertement sociale (Zoja, 2013). C’est un schéma typique de la «psychologie individuelle comparée» (nom qu’Adler a donné à sa psychologie) pour comprendre autant la subjectivité du patient que sa pathologie en termes de contexte, notamment socioculturel.

À partir de cette perspective, même le choix du terrorisme par certains jeunes semble pouvoir jouer le même rôle identitaire pour le Dr Elena del Santo, mais sous une forme plus externalisée : une forme d’agencement (agency) contre un non-sens dépressif, favorisé par la concaténation de circonstances et de facteurs contributifs. Comme pour les jeunes NEET, le jeune attiré par le terrorisme ne semble pas souffrir de problèmes psychologiques (John Horgan, « Terroristes, victimes et société: perspectives psychologiques du terrorisme et de ses conséquences », 2003, John Wiley & Sons Ltd), mais il est plutôt inséré dans une situation socioculturelle qui favorise la justification «morale» de la violence en réponse à une grave induction de l’absence d’objet vital, souvent lié aux blessures narcissiques de toute une communauté. Nous savons aujourd’hui que les environnements « facilitants » sont les contacts sur Internet, la détention carcérale et probablement les institutions religieuses, même si c’est dans une forme indirecte. L’analyse comparative proposée par le Dr. Del Santo avec le terrorisme des années 70 des Brigades rouges explore cette voie psychosociale. Nous souhaitons souligner le côté plus psychotique de la violence exercée par le terrorisme du 3ème millénaire, violence qui n’était pas autant accentuée et systématique chez les Brigades Rouges, autant dans leur mode associatif qu’exécutif.
Nous discernons également dans la déclaration d’Horgan une tentative légitime de provoquer un débat épistémologique sur les fondements des modèles « à-priori » des sciences socio-économiques, politiques et psychologiques, utilisés pour comprendre le phénomène du terrorisme, puisque le paradigme bio-psycho-social n’est à ce jour pas encore établi de manière scientifique interdisciplinaire et internationale.
Liens familiaux, réalité virtuelle et détresse des jeunes
Il semble donc que l’appauvrissement du lien familial et social [1], causé aussi par l’accès spontané et solitaire à la réalité virtuelle et son usage non critique, conduise à des mécanismes compulsifs de dépendance, en même temps qu’à la rupture psychique entre le Soi et l’Autre. Le jeune – comme ses éducateurs adultes – ne détecte pas l’impact psychocorporel de la confusion perceptive, désormais banalisée, entre le réel et le symbolique, non perçue en raison du fait préjudiciable que le virtuel n’est pas le réel et qu’il ne nécessiterait donc pas de compétence spéciale ni d’apprentissage spécifique, à savoir une transmission relationnelle. L’accélération de l’apport de technologies toujours nouvelles dans nos vies ne permet pas la formation de « maîtres » : on pense donc qu’il n’y a pas de transmission possible, puisqu’il n’y a pas de savoir « supérieur ». La transmission ne se conçoit pas encore comme un accompagnement horizontal et non seulement vertical, inséré dans le paradigme de la différence, typique par exemple du contexte thérapeutique dans lequel on ne pense pas à formater le patient, mais d’abord à être avec lui, à l’écoute et dans un accompagnement magistral qui implique également le changement possible du thérapeute. Comme l’a bien mis en évidence le Dr Aillon, si Freud s’adressait à une société aux prises avec un conflit névrotique entre transgression et culpabilité dans sa quête de réalisation du plaisir, ce qui gardait intact la recherche d’un sens possible de la vie, c’est aujourd’hui le modèle d’Alfred Adler qui émerge, puisqu’il peut expliquer ce sentiment fondamental d’insuffisance et d’inadéquation de l’individu qui doit se confronter à l’injonction culturelle et sociale de trouver un sens dans une surenchère sans limite ou l’impossible à réaliser est considéré comme «limite adéquate».
La psychologie individuelle, née au sein de la néophyte psychanalyse freudienne, a conçu l’inconscient humain entre deux pôles sous-jacents : l’un individuel, poussé par le sentiment d’infériorité, et l’autre plus relationnel, favorisé par le sentiment d’appartenance (Gemeinschaftsgefühl). La psyché humaine fonctionne comme un système finaliste (téléologique) qui a besoin de s’orienter vers un but ; bien que ce but soit une construction inconsciente (fiction ou schéma perceptible), il est susceptible de confrontation avec la réalité et d’adaptation, si l’esprit reste dynamique et fluide. Au moment où l’esprit appauvrit la résistance entre ces deux pôles, la rigidité défensive se met en place et les buts fictionnels deviennent inflexibles, se transformant en rationalisations idéologiques qui ne peuvent plus dialoguer avec la réalité. Cela empêche le sentiment d’appartenance de s’incarner et de jouer son rôle fondamental d’équilibre entre les instances de compensation [2] dans le processus identitaire, laissant ainsi le champ libre à la « volonté de puissance » narcissique, à la dissociation et à la dépression, à la domination violente, tels que « styles de vie » devenus dignes d’estime et d’investissement.
La théorie adlérienne analyse ainsi la violence comme une expression de l’agressivité (individuelle et collective) super-compensatoire impulsive et inadaptée, en réponse aux sollicitations extrêmes du sentiment d’infériorité que peut produire l’environnement. Cependant, l’agressivité reste en soi une énergie vitale, si elle est simplement dirigée vers l’extérieur, comme l’éthologie l’a formulé (Konrad Lorenz), énergie vectorielle qui chez l’homme dépend du système complexe de ses « fictions » internes (schémas perceptifs), exprimées par les émotions, les sentiments, les valeurs et le corps avec ses propres perceptions. Dans les premiers temps de l’élaboration de sa théorie, Adler concevait l’agressivité en termes de pulsion interne comme un concept ou une abstraction, puisqu’il percevait le risque de l’hypostasier (la réifier). Au cours de l’évolution de sa pensée, la « pulsion d’agression » fera place au concept de « pouvoir créateur » (compréhensible aujourd’hui par les concepts de « créativité du Soi » ou « Soi Créatif »). Dans les deux concepts (agressivité et créativité), nous retrouvons le rôle régulateur du sentiment d’appartenance en tant qu’instance vitale et motrice pouvant contenir, apaiser et faire évoluer harmonieusement la perception d’une infériorité individuelle universelle vers une compensation sociale de ce sentiment, orienté vers l’Autre plutôt que contre l’Autre, à la recherche d’un partage comme plaisir et réalisation personnelle et sociale, car nous aurons pu accepter le sentiment de dépendance relative que l’homme a intrinsèquement de l’Autre. L’échec de ce sentiment d’appartenance, par déracinement socioculturel, traumatismes relationnels de l’enfance ou même maladie, produit des « fictions tendancieuses » ou des directions « existentielles » non adaptatives du style de vie des individus qui peuvent aller jusqu’à des surcompensations pathologiques et violentes, qui entrainent la tendance universelle à la supériorité vers une surcompensation dominatrice : la « volonté de puissance » de source nietzschéenne.
Dépression, difficultés d’adaptation, immigration et situation des femmes : nos prochaines initiatives
https://institut-alfred-adler-paris.fr
Pour continuer ce parcours, nous organisons au mois de Juin un séminaire intitulé « Dépression, le mal du siècle » dans lequel nous aborderons l’aspect biologique avec Mme Morgane Pidoux, élève à la formation de psychanalyste adlérien également post-doctorante en neurosciences, à travers un module appelé Flash-Formation intitulé « Le corps vidé : neurophysiologie de la dépression », ceci pour promouvoir une approche interdisciplinaire du public et des intervenants. Nous aurons également une intervention très intéressante de M. Hervé Etienne, qui analysera l’aspect sociopsychologique de la dépression. Il est sociologue et psychothérapeute et travaille avec nous depuis un certain temps. Il intervient également en tant que consultant auprès d’institutions et d’entreprises qui rencontrent des dysfonctionnements organisationnels, souvent liés aux psychopathologies d’organisation. Comme toujours, nous traiterons de l’aspect psychodiagnostique et psychothérapeutique avec Barbara Simonelli, en particulier des personnalités narcissiques et dépendantes, en lien avec la dépression. Une étude sur la dépression à l’adolescence sera également présentée par Chiara Maria Mazzarino (PhD). Nous conclurons cette journée par mon intervention sur le paradigme d’infériorité, « L’Anima et le Minus », pour souligner les métamorphoses défensives dévitalisantes face à ce sentiment également lié à un environnement relationnel structurellement déstabilisant, autant dans le passé qu’au présent ou dans le futur, dimensions qui forment la véritable matière psychique.
Ce programme est précurseur du séminaire de septembre, Journée Spécialiste Interdisciplinaire, où nous analyserons la figure du médecin généraliste comme guide prioritaire dans les étapes de vie de ses patients qui peuvent s’avérer être des personnes «isolées» autant au sens social qu’au sens psychique du terme, c’est à dire trop structurellement et /ou légitimement incompétents face à leur propre situation de vie pour organiser une demande d’aide cohérente. La personne âgée, déconnectée du sentiment social, ou le nouveau-né qui ne l’a pas encore développé, sont des exemples extrêmes de sujets qui ne peuvent subvenir à leurs besoins ni à leur survie ; il incombe alors au médecin d’organiser leur prise en charge. Le médecin généraliste se trouve donc dans la nécessité de devoir apprécier de complexes situations relationnelles intersystémiques et interdisciplinaires, étant appelé à décider et à coordonner les solutions socio-médicales à mettre en place pour la personne fragile ou fragilisée.
En automne (novembre 2019), une 4ème étape sera consacrée aux nouvelles formes de violence, avec un séminaire plus centré sur les problèmes d’immigration avec en particulier l’impact traumatique du décalage culturel [3] sur l’identité féminine (thème cher à OT qui l’a abordé dans la critique n ° 11 du livre de Giulia Cerino : « Ils reviennent. Les combattants étrangers du jihad racontés par leur mère »).
Cette Journée psychosociologique reprend le thème du lien entre l’adolescence et le terrorisme, vue de l’intérieur des foyers, pour faire émerger la violence familiale comme génératrice d’une solitude psychique malsaine (en soi la solitude psychique est une fonction importante de la satisfaction identitaire, bastion déterminant de l’autonomie), car elle induit un isolement qui conduit parfois à forger un idéal rigide et extrême comme défense contre un sentiment d’absence de valeur : le sentiment d’infériorité réelle et/ou imaginaire (fiction). Le programme, qui est en cours de définition, comprendra une intervention du professeur Houria Abdelouahed (Paris 7) sur l’identité féminine et la religion musulmane; et de la psychiatre Alice Visintin du centre Fanon, sur l’immigration et le sentiment de citoyenneté dans une perspective ethnopsychiatrique et adlérienne. Moi-même j’approfondirai les déboires du sentiment d’appartenance comme base de la surcompensation violente du terrorisme. Enfin, la psychanalyste et écrivaine adlérienne Virginie Megglé formulera une analyse psychanalytique sur la problématique de l’idéologie identitaire, sans rapport avec un territoire d’appartenance réel et vécu ainsi projetée vers une terre promise. Nous espérons accueillir un expert en géopolitique et système de sécurité nationale lié à la sécurité nationale française pour mettre en dialogue nos différents savoir-faire et apprendre à évoluer ensemble.
Ce programme souhaite faire la part belle à une problématique très adlérienne, celle de la féminité, que nous considérons comme paradigmatique pour toutes les identités. Pour Adler, la féminité (de l’homme et de la femme) a été et demeure symbole et réalité d’une infériorité dépréciée et soumise (socialement compensée par une idéalisation autant virginale et sacrée qu’inaccessible), dans un monde qui a opté depuis des millénaires pour la « surcompensation fictionnelle d’une virilisation socioculturelle » [4], sous des formes de domination, de perfectionnisme sadique, de concurrence illimitée, de violence. La place accordée à la féminité au cours des siècles représente en réalité un mode de défense autant inconscient que conscient de la civilisation humaine pour contrôler le sentiment d’infériorité que nous procure le contact avec la différence de l’Autre, lorsqu’il nous renvoie à notre fragilité, en particulier face à un être paradoxal, très puissant pour concevoir la vie, la nôtre, et pourtant si fragile qu’il est capable d’en souffrir et d’en mourir sans en comprendre les raisons. Les formes de violence sont, en termes adlériens, les formes rigides de cette compensation excessive (pour les hommes comme pour les femmes), où le sentiment d’appartenance ne pourrait pas s’enraciner. Aujourd’hui, les femmes immigrées, même celles de deuxième et troisième génération, se trouvent au croisement d’une confrontation interculturelle dont l’impact est aussi invisible qu’impitoyable. Elles le mesurent d’abord avec leur propre corps, prenant à peine conscience de leur urgent et profond besoin de sens face à cette inadéquation et à cette confrontation. Ce n’est que par le calvaire d’une détresse psychique sans langage ni dialogue qu’elles arrivent parfois à nous thérapeutes. Les accueillir dans le contexte thérapeutique est toujours une expérience perturbante et créative d’une grande poésie.
En guise d’au-revoir, ces deux petites phrases citées par Mme Houria Abdelouahed [5] de son mystique préféré, le grand professeur soufi Ibn Arabi : « Stérile [littéralement : » quelque chose sur lequel on ne peut pas compter « ] est le lieu qui n’accepte pas le féminin », puisque : « L’humanité n’est pas la masculinité [ou la virilité] » [6].
Les deux auraient pu être écrits par Alfred Adler.
Dott.ssa Alessandra Zambelli
Superviseur Psychothérapeute Analyste Adlérienne,
Responsable des relations internationales et
des formations de l’Institut Alfred Adler de Paris (IAAP)
Notes :
[1] Thème que vous avez abordé dans le numéro 5 de l’OT lors de la relecture du livre de Luigi Zoja ”Dans l’esprit du terroriste. Conversation avec Omar Bellicini ”.
[2] La notion de compensation, centrale dans la théorie d’Adler, est d’abord élaborée à partir de l’analyse corporelle de l’infériorité d’un organe, en tant que fonction capable de remédier à la déficience initiale par une surcompensation progressive de l’organe inférieur lui-même ou sur la symétrique proximale, ou par une action indirecte réalisée par la fonction psychique, telle que la perception ou la mémoire, mais également par le comportement. Cette fonction vicariante a été confirmée en 1932 par le chercheur américain W.B. Cannon comme « loi de l’homéostasie » (Walter Bradford Cannon, The Wisdom of the Body – La sagesse du corps- , 1932, W. W. Norton & Company, New York). Adler a compris que tout ce qui, dans la nature, se trouve en état d’infériorité tend spontanément vers la supériorité et s’efforce de réagir avec une vigueur particulière aux stimuli qui l’assaillent. Par conséquent, la compensation permet à l’organisme d’atteindre un niveau de sécurité suffisant pour sa survie.
Cette attitude vectorielle est également inscrite dans l’esprit, en particulier l’humain, structuré de manière logique et téléologique, c’est-à-dire un système unitaire de perception, d’analyse et d’anticipation finaliste qui doit toujours être doté d’un objectif conscient et inconscient, ce dernier identifié comme fiction.
La fiction est une structure de l’inconscient qui fonctionne comme une forme symbolique, articulée de manière téléologique, qui dirige toutes nos impulsions et nos attitudes, et constitue de véritables dispositifs psychiques et techniques.
Adler fonde son analyse du fonctionnement mental sur la « Philosophie du Comme Si » du philosophe pragmatiste post-kantien Hans Vaihinger, publiée en 1911, année de sa séparation de Freud pour fonder la Société de psychologie individuelle comparée, et publier en 1912 son texte principal : Le tempérament nerveux.
La psyché est donc conçue comme un système finaliste unitaire qui, pour fonctionner, a toujours besoin de se fixer un objectif unique pour s’orienter dans la réalité, et y adhérer lorsque la fiction reste dynamique, ce qu’Adler désigne comme une fiction « directive ». La fiction devient super-compensatoire si elle se rigidifie sous l’impulsion du sentiment d’infériorité, Minderwertigkeitsgefühl, donnant lieu à la psychopathologie et à la violence, et prenant le nom de fiction « tendancieuse » parce qu’elle est maintenant déconnectée de l’échange dynamique avec la réalité.
Pour Adler, le conflit ne se situe plus entre des pulsions individuelles, mais entre l’individu et son environnement, qui est avant tout relationnel. L’élément équilibrant pour l’esprit humain, le seul qui lui permet de s’élever et de s’affranchir du sentiment d’infériorité de mémoire rousseauienne, élément universel pour la condition humaine qui traverse une longue période de plasticité infantile, est ainsi pour Adler le sentiment d’appartenance, Gemeinschaftsgefühl.
Le petit d’homme atteint la conscience intégrée et équilibrée entre les instances affirmatives liées au sentiment d’infériorité et les instances coopératives stimulées par son besoin de tendresse et d’empathie, Zärtlichkeitsbedürfnis, et son histoire relationnelle avec les affects fondamentaux.
L’équilibre entre ces deux pôles (les instances affirmatives et les instances relationnelles) permettra à la personnalité de se forger un Style de vie comme réponse fictionnelle unique et intime, en dialogue permanent avec la réalité socio-économique et culturelle, ou alors de forger une fiction tendancieuse qui enferme l’individu dans un système de référence isolant : psychopathologie et crime. Pour Adler, l’élan vers la supériorité a été jusqu’ici la fiction la plus créative – la meilleure possible – que l’être humain ait inventée pour satisfaire les deux instances, tant que le but de la supériorité ne tombe pas dans le travers illégitime de la domination. Adler n’a pas opposé de veto au fait que cette recherche créative pour se dépasser puisse un jour se modifier. Nous sommes peut-être arrivés à ce terminus dont il en a perçu la nécessité logique.
[3] Terme indiquant la différence entre deux cultures ou plus (nationale et/ou tribale, ou locale) qu’un individu doit composer dans une situation d’immigration. Je préfère utiliser le concept de « décalage », déphasage, plutôt que celui de choc culturel ou de choc des cultures, car il indique une possible neutralité émotionnelle (non traumatisante) dans les connections culturelles que les première, deuxième et troisième génération d’immigrés sont nécessairement amenés à métaboliser, en relation aux différentes sources et formes culturelles. En fait, cette confrontation culturelle implique souvent une surcharge d’informations, la barrière de la langue, un écart générationnel plus important, un éventuel écart technologique, ainsi que le classique « mal du pays ». Tous des éléments potentiellement fortement stressants.
[4] Adler a observé, dès le début du siècle dernier, que l’enfant apprenait tôt à se sentir plus fort en imitant la figure paternelle et à calmer ainsi son sentiment d’infériorité de manière fictive par le biais de cette surcompensation légitime, symbolique et évolutive qui lui restera comme une empreinte. L’accusation qu’Adler apporte à la société de l’époque, et qui s’applique encore à la nôtre, est que la civilisation n’est pas allée plus loin que cet enfant : elle a opté pour une valorisation socio-économique et culturelle des traits masculins comme emblème de la « Volonté de puissance » (terme qu’ Adler a emprunté à Nietzsche) au détriment des traits féminins, sans autre raison que de calmer le sentiment d’infériorité inconscient et non intégré, en l’hypostasiant et en le reléguant à la seule condition féminine, et en opérant des équivalences illégitimes et fictionnelles de féminin = inférieur = femme, viril = supérieur = homme. Ce processus projectif ne permet pas à notre société d’évoluer en adhérant à la réalité de nos besoins et de nos plaisirs profonds, car il repose sur un mécanisme de défense de déni du sentiment d’infériorité, plutôt que sur son intégration réelle. Le génie d’Adler est de l’avoir observé aussi chez les femmes, le nommant « protestation virile », car il apparaît évident chez ces personnes qu’elles doivent nier tous les traits féminins comme s’ils étaient honteux, humiliants : le garçon manqué ou la «mâle» ».
[5] Voir doppio zero (double zéro) https://www.doppiozero.com/materiali/donne-violenza-e-islam
[6] Houria Abdelouahed : Psychanalyste, professeure agrégée et directrice de la recherche du département des études psychanalytiques de l’Université Denis Diderot (Paris 7), membre du CNRS, auteure entre autres du livre lauréat du prix de l’évolution psychiatrique « Figures du féminin en islam », ( PUF, 2012).
par Basile Cossade | Juin 21, 2018
Partendo dalle riflessioni introdotte nell’editoriale, abbiamo voluto costruire l’ottavo numero della newsletter OT cercando di ampliare gli orizzonti del nostro lavoro analizzando alcuni aspetti sociali, culturali ed economici che dobbiamo imparare a leggere anche come campanelli di allarme. Proprio a supporto di questo ambizioso traguardo ci siamo soffermati su aspetti internazionali che hanno avuto lo “svantaggio” di provare prima di noi, e sulla loro pelle, il confronto con il nuovo modello terroristico.
- A pag.6 abbiamo inserito una riflessione sull’ultima opera di Fethi Benslama e Farhad Khosrokhavar, “Le Jihadisme des femmes, Pourquoi elles ont choisi Daech”, pubblicato l’anno scorso dalle Edition du Seuil. Un volume dove i due autori, rispettivamente uno psicanalista Francotunisino, e un sociologo – accademico iraniano (oggi direttore di ricerca dell’Ecole des hautes études en sciences sociales di Parigi), ci accompagnano in un percorso di comprensione del fenomeno delle donne e la Jhiad, un tema che racchiude una delle sfide probabilmente più pregnanti e particolari del nuovo modello di reclutamento terroristico.
- A pag.11 abbiamo selezionato un’importante testimonianza della Psicoterapeuta Alessandra Zambelli responsabile della Formazione dell’Institut Alfred Adler de Paris (IAAP). Con una riflessione sulla “genesi dell’odio”, una lettura che ci rende contezza di due temi significativi, da un lato la necessità di disegnare un nuovo ruolo di attori che fino ad oggi non avevano un peso specifico nell’osservazione tecnica del fenomeno e dall’altro le implicazioni sociali nella genesi del terrorismo, rilanciando anche in questo la necessità di allargare la partecipazione ai “corpi intermedi” della società in questa nuova Sfida.
- A pag.13 invece abbiamo voluto segnalare la presenza di un nuovo interlocutore nel panorama dell’informazione sulla sicurezza con la rivista “Il Club” rivista trimestrale supportata anche dall’Ambasciata inglese con questo nuovo numero dedicato “La sicurezza dell’individuo” recentemente presentato alla Biblioteca della Camera dei Deputati, nella Sala del Refettorio di Palazzo San Macuto a Roma. In quella occasione in occasione hanno partecipato, con Jill Morris CMG (Ambasciatore del Regno Unito in Italia), Marco Minniti (Ministro degli Interni), Claudio Galzerano (Direttore Servizio per il contrasto dell’estremismo e del terrorismo esterno), Andrea Manciulli (Presidente della Delegazione italiana presso l’Assemblea parlamentare della NATO), Raffaello Pantucci (Direttore dell’International Security Studies Royal United Services Institute (RUSI), Alberto Simoni (Capo della Redazione Esteri de La Stampa) e Francesco De Leo (Direttore de Il Club).
- A pag. 17 di questo numero presentiamo un’articolata ricerca su chi sono i “suicide bombers”. L’analisi è ricca di dati statistici estrapolati dai vari attentati compiuti i questi anni grazie a una ricerca condotta dall’Università di Chicago e a uno studio finanziato dalla N. A. T. O. Come spesso si dice i numeri non mentono o comunque ci aiutano a oggettivare meglio le nostre analisi. Emerge con chiarezza che vi è un trend in crescita dei attacchi suicidi compiuti da giovani di età massima di 31 anni. Il profilo è quello di un uomo (solo il 10 % degli attentati è compiuto da donne), single, con un titolo di studio superiore e con una scarsa conoscenza della sharia.
- A pag. 23 lanciamo una tavola rotonda virtuale ma che assume ogni mese maggiore concretezza con la presenza costante di un dibattito tra professionisti. Ci siamo presi la libertà di sottoporre agli autori che abbiamo recensito in questi mesi (speriamo non ce ne vogliano) alcune domande nate dalla nostra ricerca. Le risposte sono state elaborate sulla base delle loro opere e riproposte nel corso di un “seminario possibile”.
- A pag.33 chiudiamo infine questa edizione con una importante iniziativa di ABI, Convegno Banche & Sicurezza, con un ampio confronto sul tema Security nelle sue molteplici declinazioni, dal tema aziendale all’approfondimento istituzionale. Un dibattito che riteniamo di sicuro interesse per i nostri attenti e qualificati lettori e per il quale inseriamo il programma della tavola rotonda sul terrorismo; infatti, noi saremo presenti con una “nostra” sessione “la prevenzione del terrorismo” cui parteciperanno relatori di assoluto rilievo
Augurando buona lettura ai nostri lettori, speriamo di aver contribuito a sottolineare la forte vocazione inclusiva e allo stesso tempo fortemente proiettata all’estero dell’Osservatorio sul Terrorismo. Una condizione quasi necessaria alla luce delle profonde ragioni valoriali da cui trae origine e il supporto sempre più allargato con nuovi contributori. Nuove voci che ci giungono anche da altri contesti europei, offrendoci nuovi spunti di analisi e riflessione. Una pluralità di idee che ci offre maggiore consapevolezza sulla bontà e la forza dell’iniziativa e ci spinge a proseguire nell’auspicio di aver intrapreso una buona strada.
par Basile Cossade | Juin 21, 2018
Traduit de l’italien
A partir des réflexions introduites dans l’éditorial, nous avons voulu construire ce huitième numéro de la newsletter OT en cherchant à élargir l’horizon de nos travaux par l’analyse des aspects sociaux, culturels et économiques que nous devons apprendre à lire aussi comme des signaux d’alarme. Pour soutenir précisément cet objectif ambitieux, nous nous sommes concentrés sur les aspects internationaux, qui ont eu le “désavantage” d’expérimenter avant nous, et donc directement ‘dans leur peau’, la comparaison avec le nouveau modèle terroriste.
- Page 6, nous proposons une réflexion sur le dernier ouvrage de Fethi Benslama et Farhad Khosrokhavar, Le Jihadisme des femmes. Pourquoi ont-elles choisi Daech, publié l’année passée aux Editions du Seuil. Un livre où les deux auteurs – un psychanalyste franco-tunisien et un sociologue académique iranien (aujourd’hui directeur de recherche à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris), nous accompagnent dans un parcours de compréhension du phénomène des femmes et du Jihad, thème qui contient l’un des défis les plus complexes et les plus spécifiques du nouveau mode de recrutement terroriste.
- Page 11, nous avons sélectionné un important témoignage de la Psychothérapeute Alessandra Zambelli, responsable de la Formation de l’Institut Alfred Adler de Paris(IAAP). Par une réflexion sur la “genèse de la haine”, elle nous offre une lecture au caractère concret sur deux sujets significatifs : d’un côté, la nécessité de dessiner un nouveau rôle pour des acteurs qui, jusqu’à aujourd’hui, n’avaient jamais eu un poids spécifique dans l’observation technique du phénomène; de l’autre, les implications sociales de la genèse du terrorisme. Ceci implique la relance de l’importance -devenue nécessité- d’élargir la participation aux “corps intermédiaires” de la société dans ce nouveau défi de notre époque.
- Page 13, en revanche, nous avons souligné la présence d’un nouvel interlocuteur dans le panorama de l’information sur la sécurité avec la revue trimestrielle ”Il Club”, également soutenue par l’Ambassade Britannique, avec son nouveau numéro consacré à “La sécurité de l’individu”, récemment présenté à la Bibliothèque de la Chambre des députés, dans la Salle du Réfectoire du Palazzo San Macuto à Rome. A cette occasion ont participé Jill Morris CMG (Ambassadeur du Royaume Uni en Italie), Marco Minniti (Ministre de l’Intérieur), Claudio Galzerano (Directeur du Service de la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme extérieur), Andrea Manciulli (Président de la Délégation italienne à l’Assemblée Parlementaire de l’OTAN), Raffaello Pantucci (Directeur de l’International Security Studies Royal United Services Institute (RUSI), Alberto Simoni (Directeur de rédaction Etranger de La Stampa) et Francesco De Leo (Directeur de Il Club).
- Page 17, nous présentons une recherche complexe sur les “ suicide bombers”. L’analyse est riche des données statistiques extrapolées à partir des divers attentats menés ces dernières années, grâce à une recherche conduite par l’Université de Chicago et une étude financée par l’OTAN. On dit souvent que les chiffres ne mentent pas, du moins nous aident-ils à objectiver nos analyses. Il en résulte avec clarté que les attentats suicides ont tendance à se multiplier chez les jeunes de moins de 31 ans. Le profil type est celui d’un homme (seulement 10% des attentats sont accomplis par des femmes), célibataire, avec un diplôme d’étude supérieur et une faible connaissance de la charia.
- Page 23, nous lançons une table ronde virtuelle qui se concrétise chaque mois avec la présence constante d’un débat entre professionnels. Nous avons pris la liberté de soumettre aux auteurs que nous avons recensés ces derniers mois (nous espérons qu’ils ne nous en veulent pas) quelques questions découlant de notre recherche. Les réponses ont été élaborées sur la base de leurs travaux et présentées à nouveau lors d’un “possible séminaire”.
- Page 33, nous clôturons cette édition par une importante initiative de l’ABI, Congrès Banque et Sécurité, avec une ample discussion sur le thème de la Sécurité dans ses multiples formes, du thème corporatif à l’approfondissement Institutionnel. Un débat que nous considérons d’un vif intérêt pour nos lecteurs attentifs et qualifiés et pour lequel nous insérons le programme de la table ronde sur le terrorisme. En effet, nous serons présents avec notre session sur “la prévention du terrorisme”, à laquelle participeront des intervenants de haut niveau.
En vous souhaitant une bonne lecture, nous espérons avoir contribué à souligner la forte vocation intégrative et en même temps fortement projetée vers l’étranger de l’Osservatorio sul Terrorismo. Ceci est une condition quasi nécessaire au rayonnement des profondes valeurs dont il est issu et au soutien de plus en plus large des nouveaux contributeurs. De nouvelles voix qui nous parviennent également d’autres pays européens, pour nous offrir de nouvelles perspectives stimulantes d’analyse et de réflexion. Une pluralité d’idées qui nous offre une plus grande conscience de l’efficacité et de la puissance de l’initiative et nous exhorte à continuer avec l’espoir d’être sur la bonne route.
par Basile Cossade | Juin 21, 2018
Un texte de Pietro Blengino, Rédacteur en Chef de l’OT Newsletter. Traduit de l’italien.
«Il y a du Mal personnel et social à déraciner et il y a du Bien, visible ou, ce qui est plus probable, invisible, à exalter. De toute évidence, il y a également le spectacle misérable de la violence, de moins en moins occasionnelle, malheureusement, et de plus en plus focalisée vers la dégradation et la barbarisation de la vie, et devant laquelle il est de notre devoir de prendre position. Les fondements de la coexistence civile sont corrodés et l’État est mis en cause.»
Aldo Moro
(extrait de « Agir unis dans la diversité », Il Giorno, 10 avril 1977)
Cette citation d’Aldo Moro remonte à un peu plus d’un an avant sa mort tragique, dont on célèbre cette année le 40ème anniversaire, et nous a semblé être, dans la richesse de son patrimoine culturel, celle qui exprime le mieux l’effort qui guide notre action quotidienne.
Depuis quelques temps, nous entamons un processus d’analyse et d’approfondissement d’un phénomène tel que celui du terrorisme qui, bien que présentant mille facettes, vise à détruire les fondements mêmes de notre vie civile, y compris notre culture, nos valeurs et notre démocratie.
Récemment, l’E.T.A. a annoncé la fin de sa raison d’être et, près de 60 ans après sa fondation pour lutter contre le franquisme, elle a définitivement annoncé la fin d’un cycle historique, commun à d’autres pays occidentaux comme l’Italie, la Grèce, l’Allemagne et l’Angleterre avec l’I.R.A.
Laissant de côté le versant judiciaire et l’établissement, si possible, des responsabilités pénales, il devient important à ce stade de reconstruire la vérité historique: la régression d’une organisation née en 1958 pour combattre une dictature, le choix du terrorisme et la perte progressive de liens avec la population dont il recherchait la «libération» et «l’indépendance».
Un autre élément frappant est qu’avec la fin de l’E.T.A., se termine l’époque des groupes terroristes qui prenaient pour cible l’Etat d’un pays unique.
L’ennemi était l’État en tant qu’oppresseur de classe d’une minorité politique et/ou religieuse, c’est à dire des classes sociales reléguées à des postes subordonnés.
Le nouveau terrorisme vit lui-aussi une phase de mondialisation dans laquelle l’ennemi est un système socioculturel qui, au niveau mondial, opprime une grande masse d’individus de confession musulmane.
Un épisode mineur est survenu à Turin au début des années 80 dans la banlieue sud de la ville. Les Carabinieri du Général Dalla Chiesa ont identifié un couple de terroristes, les ont suivis et arrêtés dans la zone de Piazza Bengasi.
L’action fut si rapide et efficace que les deux terroristes n’ont pas eu la moindre possibilité de réagir. L’un d’entre eux émit une seule déclaration: « si nous avions su depuis le début que vous étiez comme ça, nous n’aurions même pas commencé ». Dans ces simples mots, nous voyons résumée l’essence de la lutte contre le terrorisme, comme la capacité de comprendre les phénomènes et d’apprêter des réactions adéquates.
Ce n’est pas seulement une question de force, même si elle constitue une condition incontournable, mais c’est l’implication de tous dans la réaction et dans le fait de contredire une menace à notre qualité de vie, telle que nous l’avions conçue jusqu’à présent.
Une lecture qui va dans le sens du changement, pas tant du point de vue purement opérationnel, mais surtout du point de vue culturel, en relançant un modèle collégial et stratégique sous l’ancienne devise des Mousquetaires: «tous pour un et un pour tous! ».
par Basile Cossade | Juin 21, 2018
un testo di Pietro Blengino (Caporedattore della newsletter OT Osservatorio sul Terrorismo, componente del Consiglio Direttivo di A.N.S.S.A.I.F. la più importante associazione di esperti di sicurezza bancaria e finanziaria italiana nonché componente del Comitato Guida OSSIF – A.B.I. Associazione Bancaria Italiana)
“C’è del male personale e sociale da sradicare e del bene, visibile o, com’è più probabile, non visibile, da esaltare. Ma c’è, in tutta evidenza, lo squallido spettacolo della violenza, sempre meno episodico, purtroppo, sempre più finalizzato alla degradazione e all’imbarbarimento della vita, di fronte al quale è nostro dovere prendere posizione. Ne sono corrose le basi della convivenza civile ed è messo in causa lo Stato.”
Aldo Moro
(da “Agire uniti nella diversità”, Il Giorno, 10 aprile 1977)
La citazione è risalente a poco più di un anno prima della sua tragica scomparsa di cui ricorre oggi il quarantesimo anniversario e ci è parsa essere, nella ricchezza della sua eredità culturale, quella che meglio rappresenta lo sforzo per guidare la nostra azione quotidiana.
Da tempo avviato un percorso di analisi e approfondimento di un fenomeno quale quello del terrorismo che pur presentando mille sfaccettature è volto a distruggere le basi stesso del nostro vivere civile, della nostra cultura intesa come valori e della nostra democrazia.
Non vogliamo dilungarci oltre, non è nel nostro stile, ma consentiteci due considerazioni.
La prima quella che nei giorni scorsi l’E.T.A. ha annunciato la fine della sua ragion d’essere e a quasi 60 anni dalla sua fondazione per combattere il franchismo ha definitivamente annunciato la chiusura di un ciclo storico, proprio e comune alle esperienze di altri paesi occidentali quali l’Italia, la Grecia, la Germania e non ultima l’Inghilterra con l’I. R. A.
Lasciando da parte il versante giudiziale con l’accertamento se possibile delle responsabilità penali a questo punto diventa importante la ricostruzione della verità storica, l’involuzione di un’organizzazione nata nel 1958 per combattere una dittatura, la scelta del terrorismo e la progressiva perdita di legami con la popolazione di cui perseguiva la “liberazione” e l “’indipendenza”.
Un altro elemento che ci colpisce è quello che con l’E.T.A. si chiude l’epoca dei gruppi terroristici che avevano preso di mira l’entità statuale del singolo Paese.
Il nemico è lo Stato in quanto oppressore di classe di una minoranza politica e/o religiosa ovvero di classi sociali relegate in posizioni subordinate. Il nuovo terrorismo vive anch’esso una fase di globalizzazione in cui il nemico è un sistema socio – culturale che a livello mondiale opprime una grande massa di individui di fede musulmana.
La seconda è un episodio minore avvenuto a Torino agli inizi degli anni ‘80 nella periferia sud della città. I Carabinieri del Gen. Dalla Chiesa hanno individuato una coppia di terroristi, li seguono e li arrestano nella zona di Piazza Bengasi.
L’azione è talmente rapida ed efficace che i due terroristi non hanno la minima possibilità di reazione. Uno di loro rilascia un’unica dichiarazione: “se avessimo saputo fin dall’inizio che eravate così non avremmo neanche iniziato”. In queste parole e nella loro semplicità crediamo sia racchiusa l’essenza della lotta al terrorismo: capacità di comprendere i fenomeni e di approntare reazioni adeguate.
Non si tratta solo di forza, pur se costituisce una condizione imprescindibile, ma anche di coinvolgimento di tutti nella reazione e nel contrasto di una minaccia alla nostra vita così come l’abbiamo concepita finora.
Una lettura che va nella direzione del cambiamento, non tanto dal punto di vista squisitamente operativo, ma soprattutto dal punto di vista culturale, rilanciando un modello collegiale e strategico sotto l’antico motto dei moschettieri: “tutti per uno e uno per tutti!”.
par Basile Cossade | Mai 22, 2018
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« C’est avec un enthousiasme rigoureux que je me permets de souligner l’accueil rare et fin de M. Pietro Blengino, Rédacteur en Chef de la Newsletter OT Osservatorio sul Terrorismo (Observatoire sur le Terrorisme), membre du Conseil Directif de l’ A.N.S.S.A.I.F. (la plus importante association italienne d’experts de sécurité bancaire et financière), et membre du Comité de Pilotage OSSIF – A.B.I. (Association Bancaire Italienne).
En m’écrivant pour me remercier, ainsi que l’Institut Alfred Adler de Paris, pour la brève mais riche réflexion sur ”la genèse de la haine“, publié sur la Newsletter n° 8 de l’Osservatorio Terrorismo (OT – Observatoire du Terrorisme), M. Blengino a su mettre en évidence l’efficacité de l’interdisciplinarité, en particulier sur des sujets très concrets comme la sûreté et le terrorisme.
Cette affinité méthodologique spontanée (et quelque peu insolite) est précieuse, car de ses perspectives diversifiées, est née une coopération de recherche scientifique, afin d’approfondir et publier sur ces thématiques de violence et d’adolescence. Thématiques que nous abordons dans le cadre de nos formations, par le biais de journées scientifiques (comme celle du 3 Juin 2017) ou de modules spécifiques (comme le module « Ado, violence et terrorisme » inclus dans notre nouvelle formation à l’accompagnement adlérien qui débute à l’automne 2018).
Avec leur aimable autorisation, nous publions ici la traduction des textes en italien extraits de l’Editorial et de l’Introduction de la Newsletter n° 8 de l’Osservatorio Terrorismo, rédigés par le Rédacteur en chef M. Pietro Blengino. Nous publions à la suite notre article « j’ai failli devenir terroriste ». »
Mme Alessandra Zambelli
Responsable Formation IAAP
Pietro Blengino (Caporedattore),
ANSSAIF, Associazione culturale
Pietro Blengino (Rédacteur en Chef),
ANSSAIF, Association Culturelle
Pietro Blengino (Caporedattore)
ANSSAIF, Associazione culturale
Pietro Blengino (Rédacteur en Chef),
ANSSAIF, Association Culturelle
J’ai failli devenir terroriste !
Réflexion brève, sur la nature socioéconomique et psychique de la matrice terroriste.
«Vous savez, Madame, j’ai failli devenir terroriste!»
Ces mots lourds, lucides, et apparemment sans appel, ont démarré une séance avec un patient dans mon cabinet du département 93: le Bronx de Paris. Un homme jeune, dont les yeux montraient une dureté plus mature.
Des mots qui étaient le signe d’un grand danger et, en même temps, la ligne de démarcation d’une vraie prise de conscience, d’un risque passé d’une façon ou d’une autre ainsi je me sentais de l’affronter avec une certaine sérénité.
«J’aurais voulu faire payer ma souffrance, ma rage, dans un monde où j’aurais répondu à l’injustice par la vengeance – continuait Ahmed (nom changé par respect pour l’intimité du patient) – tentant de se libérer du poids de la violence dans laquelle il avait grandi – cette société se fonde sur l’injustice, sur le principe de laisser les derniers toujours en dernier, de ne jamais donner la possibilité de se racheter, alors on devient victime de soi-même et la moindre des choses que tu peux faire est de t’abandonner. Il y en a qui le font par les drogues, d’autres avec l’alcool, moi, comme musulman, je le fais par la nourriture, en mangeant dans un très court laps de temps 1 kilo d’épinards surgelés et 8 hamburgers de premier prix».
Voilà le portrait de l’homme que j’avais devant moi, un homme en souffrance qui avait fait le choix le plus important de sa vie : se tenir devant un thérapeute pour trouver le bon moyen de sortir de sa haine et de son mal-être.
Il l’avait fait avec conviction, en choisissant un professionnel privé plutôt qu’une structure sociale publique ; un élément qui en soi reflétait à la fois une importante détermination et un manque de confiance dans la société et dans sa capacité à lui pouvoir l’aider.
Ahmed n’avait pas eu l’opportunité de poursuivre ses études, et, comme beaucoup d’enfants d’immigrés de la 3ième génération, bien que né en France, il vit encore entre deux mondes séparés par une profonde fracture culturelle.
Il eut une enfance désorganisée et difficile, avec des parents eux-mêmes enfants d’émigrés maghrébins ayant vécu l’important décalage culturel et social des deux sociétés d’appartenance comme un trauma banalisé, une évidence, qui vivaient ce sentiment de malaise comme une maltraitance sociale qu’ils déversaient inexorablement en famille.
Ainsi, sans s’en rendre compte, il s’est retrouvé sur un chemin où la haine n’est que la manifestation finale d’une rage accumulée au fil des jours, copieusement nourrie par les injustices familiales et sociales quotidiennes et par un contexte vide d’appartenance : un malaise transgénérationnel.
Un autre de ses mots m’a marqué, qui exprimait l’effort énorme et la force extraordinaire que ce grand garçon utilisait dans un des parcours évolutifs les plus complexe, celui du changement : «Madame, il est difficile d’évoluer seul, tellement injuste d’être toujours attaqué, de ne pas réussir à s’exprimer soi-même, d’être dans la contrainte quotidien de devoir lutter contre une société qui élève constamment le niveau de difficulté, où la bureaucratie complique tout et où on se fatigue au point que les principes… ne me parlent plus, même plus ceux du Coran !»
A cet instant, toutes ses blessures me sont apparues : «Ahmed, vous m’enseignez, et avec le Coran, que cette dureté, cette fatigue peut se transformer en orgueil, qui n’est que le déguisement du sentiment d’infériorité, paradoxalement imaginaire et relationnel à la fois, parce que sollicité concrètement par votre famille, par le milieu où vous travaillez, par la société toute entière qui porte la responsabilité évidente de ne pas réussir à cultiver le seul antidote possible : le sentiment d’appartenance. Mais la colère est la réponse qui ne récompense pas votre intelligence, votre effort d’être ici et votre lutte pour le changement».
Il me répondit avec un regard pénétrant : «La rage me fait me sentir vivant, après tout c’est de leur faute et moi je suis seul à affronter le changement!»
Les yeux dans les yeux, je lui offris mon sincère respect : «Ahmed, vous l’avez déjà fait, vous avez déjà gagné, aujourd’hui vous êtes ici car votre changement a déjà démarré. Cette colère veut seulement trouver une voie de sortie. Vous devrez construire votre vie, et chercher les satisfactions refusées : vous obtiendrez votre diplôme et vous ferez votre concours d’infirmier car, même si personne vous l’a jamais dit, vous en avez les capacités, autrement vous ne seriez pas ici. Prenez cette colère, canalisez-la et transformez-la en créativité. Prenez aussi l’exemple des rappeurs de banlieues».
Ainsi commença son chemin vers le changement, jusqu’à l’une des dernières séances où il me dit : «En réalité, Madame, pendant ces mois passés, avec le dialogue, la confrontation, la découverte de la possibilité d’être écouté et compris, j’évolue jusqu’à pouvoir comprendre que le parcours de cette colère qui conduit à la haine nous est commun. Mais celui qui n’a pas la possibilité d’éprouver le changement est susceptible d’être exposé à des pressions extérieures qui veulent exciter notre propre mal-être à des fins… personnelles sans scrupules ni valeurs».
Quelques années se sont écoulées, aujourd’hui Ahmed est infirmier et a même réussi à être élu « représentant des étudiants » pendant ses 3 ans de formation, il a une compagne et de nouveaux amis, il est toujours musulman et respecte le Coran, il a appris à rassurer et transformer sa colère, et l’infériorité qui l’animait, en détermination positive et en responsabilité, sortant ainsi du sentiment d’injustice et d’impuissance. Ce n’est pas le mérite du thérapeute, car chaque patient est l’architecte de son propre changement, mais deux demandes demeurent dans mon esprit : combien d’Ahmed ne nous ont pas encore cherché ? Et pourquoi ?
Dott.ssa Alessandra Zambelli
Supervisore Psicoterapeuta Analista Adleriana e
Responsabile della Formazione
Institut Alfred Adler de Paris (IAAP)
https://institut-alfred-adler-paris.fr