Dépression, difficultés d’adaptation, immigration et situation des femmes : nos prochaines initiatives
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Pour continuer ce parcours, nous organisons au mois de Juin un séminaire intitulé « Dépression, le mal du siècle » dans lequel nous aborderons l’aspect biologique avec Mme Morgane Pidoux, élève à la formation de psychanalyste adlérien également post-doctorante en neurosciences, à travers un module appelé Flash-Formation intitulé « Le corps vidé : neurophysiologie de la dépression », ceci pour promouvoir une approche interdisciplinaire du public et des intervenants. Nous aurons également une intervention très intéressante de M. Hervé Etienne, qui analysera l’aspect sociopsychologique de la dépression. Il est sociologue et psychothérapeute et travaille avec nous depuis un certain temps. Il intervient également en tant que consultant auprès d’institutions et d’entreprises qui rencontrent des dysfonctionnements organisationnels, souvent liés aux psychopathologies d’organisation. Comme toujours, nous traiterons de l’aspect psychodiagnostique et psychothérapeutique avec Barbara Simonelli, en particulier des personnalités narcissiques et dépendantes, en lien avec la dépression. Une étude sur la dépression à l’adolescence sera également présentée par Chiara Maria Mazzarino (PhD). Nous conclurons cette journée par mon intervention sur le paradigme d’infériorité, « L’Anima et le Minus », pour souligner les métamorphoses défensives dévitalisantes face à ce sentiment également lié à un environnement relationnel structurellement déstabilisant, autant dans le passé qu’au présent ou dans le futur, dimensions qui forment la véritable matière psychique.
Ce programme est précurseur du séminaire de septembre, Journée Spécialiste Interdisciplinaire, où nous analyserons la figure du médecin généraliste comme guide prioritaire dans les étapes de vie de ses patients qui peuvent s’avérer être des personnes «isolées» autant au sens social qu’au sens psychique du terme, c’est à dire trop structurellement et /ou légitimement incompétents face à leur propre situation de vie pour organiser une demande d’aide cohérente. La personne âgée, déconnectée du sentiment social, ou le nouveau-né qui ne l’a pas encore développé, sont des exemples extrêmes de sujets qui ne peuvent subvenir à leurs besoins ni à leur survie ; il incombe alors au médecin d’organiser leur prise en charge. Le médecin généraliste se trouve donc dans la nécessité de devoir apprécier de complexes situations relationnelles intersystémiques et interdisciplinaires, étant appelé à décider et à coordonner les solutions socio-médicales à mettre en place pour la personne fragile ou fragilisée.
En automne (novembre 2019), une 4ème étape sera consacrée aux nouvelles formes de violence, avec un séminaire plus centré sur les problèmes d’immigration avec en particulier l’impact traumatique du décalage culturel [3] sur l’identité féminine (thème cher à OT qui l’a abordé dans la critique n ° 11 du livre de Giulia Cerino : « Ils reviennent. Les combattants étrangers du jihad racontés par leur mère »).
Cette Journée psychosociologique reprend le thème du lien entre l’adolescence et le terrorisme, vue de l’intérieur des foyers, pour faire émerger la violence familiale comme génératrice d’une solitude psychique malsaine (en soi la solitude psychique est une fonction importante de la satisfaction identitaire, bastion déterminant de l’autonomie), car elle induit un isolement qui conduit parfois à forger un idéal rigide et extrême comme défense contre un sentiment d’absence de valeur : le sentiment d’infériorité réelle et/ou imaginaire (fiction). Le programme, qui est en cours de définition, comprendra une intervention du professeur Houria Abdelouahed (Paris 7) sur l’identité féminine et la religion musulmane; et de la psychiatre Alice Visintin du centre Fanon, sur l’immigration et le sentiment de citoyenneté dans une perspective ethnopsychiatrique et adlérienne. Moi-même j’approfondirai les déboires du sentiment d’appartenance comme base de la surcompensation violente du terrorisme. Enfin, la psychanalyste et écrivaine adlérienne Virginie Megglé formulera une analyse psychanalytique sur la problématique de l’idéologie identitaire, sans rapport avec un territoire d’appartenance réel et vécu ainsi projetée vers une terre promise. Nous espérons accueillir un expert en géopolitique et système de sécurité nationale lié à la sécurité nationale française pour mettre en dialogue nos différents savoir-faire et apprendre à évoluer ensemble.
Ce programme souhaite faire la part belle à une problématique très adlérienne, celle de la féminité, que nous considérons comme paradigmatique pour toutes les identités. Pour Adler, la féminité (de l’homme et de la femme) a été et demeure symbole et réalité d’une infériorité dépréciée et soumise (socialement compensée par une idéalisation autant virginale et sacrée qu’inaccessible), dans un monde qui a opté depuis des millénaires pour la « surcompensation fictionnelle d’une virilisation socioculturelle » [4], sous des formes de domination, de perfectionnisme sadique, de concurrence illimitée, de violence. La place accordée à la féminité au cours des siècles représente en réalité un mode de défense autant inconscient que conscient de la civilisation humaine pour contrôler le sentiment d’infériorité que nous procure le contact avec la différence de l’Autre, lorsqu’il nous renvoie à notre fragilité, en particulier face à un être paradoxal, très puissant pour concevoir la vie, la nôtre, et pourtant si fragile qu’il est capable d’en souffrir et d’en mourir sans en comprendre les raisons. Les formes de violence sont, en termes adlériens, les formes rigides de cette compensation excessive (pour les hommes comme pour les femmes), où le sentiment d’appartenance ne pourrait pas s’enraciner. Aujourd’hui, les femmes immigrées, même celles de deuxième et troisième génération, se trouvent au croisement d’une confrontation interculturelle dont l’impact est aussi invisible qu’impitoyable. Elles le mesurent d’abord avec leur propre corps, prenant à peine conscience de leur urgent et profond besoin de sens face à cette inadéquation et à cette confrontation. Ce n’est que par le calvaire d’une détresse psychique sans langage ni dialogue qu’elles arrivent parfois à nous thérapeutes. Les accueillir dans le contexte thérapeutique est toujours une expérience perturbante et créative d’une grande poésie.
En guise d’au-revoir, ces deux petites phrases citées par Mme Houria Abdelouahed [5] de son mystique préféré, le grand professeur soufi Ibn Arabi : « Stérile [littéralement : » quelque chose sur lequel on ne peut pas compter « ] est le lieu qui n’accepte pas le féminin », puisque : « L’humanité n’est pas la masculinité [ou la virilité] » [6].
Les deux auraient pu être écrits par Alfred Adler.
Dott.ssa Alessandra Zambelli
Superviseur Psychothérapeute Analyste Adlérienne,
Responsable des relations internationales et
des formations de l’Institut Alfred Adler de Paris (IAAP)
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